lundi 13 décembre 2010

"Taxez-nous!": le cri de millionnaires américains



[caption id="attachment_9352" align="alignleft" width="300" caption="Le président américain Barack Obama, le 19 novembre 2010 à Lisbonne"] [/caption]

WASHINGTON — Ils sont riches, très riches, et veulent être soumis à un impôt plus fort: des millionnaires américains demandent à l'administration Obama de les taxer plus au nom de la "santé fiscale de notre nation".

Quarante-cinq millionnaires ont lancé une pétition à cet effet. Ils demandent l'abandon d'allègements fiscaux accordés depuis 2001 aux contribuables dont les revenus annuels excèdent le million de dollars.

Le moment n'a pas été choisi au hasard: ces allégements fiscaux, approuvés sous George W. Bush, arrivent à expiration à la fin de l'année. Et les démocrates, sortis affaiblis des législatives au début du mois, souhaitent contre l'avis des républicains réserver à l'avenir ce dispositif aux familles gagnant moins de 250.000 dollars par an.

Au grand dam des signataires de cette fameuse pétition. Au nom de la "santé fiscale de notre nation et du bien-être de nos concitoyens", ils réclament l'abandon de ces mesures.

Parmi les signataires on trouve Ben Cohen, fondateur des crèmes glacées Ben & Jerry's, un directeur de fonds spéculatifs ou encore un ancien avocat de Californie.

Ce dernier, Guy Saperstein, a expliqué à l'AFP avoir été envahi par un sentiment de "frustration" lorsque le président Barack Obama a récemment évoqué la possibilité d'une extension provisoire des allègements pour les plus riches en échange d'une pérennisation des allègements pour les autres.

"Je pense que notre pays va mal", dit M. Saperstein. "Lorsque les temps sont durs, les plus riches doivent se serrer un peu la ceinture. Et il n'est pas question de sacrifice. Nos taux d'imposition sont parmi les plus bas des pays industrialisés", lance-t-il.

Selon M. Saperstein, 1.500 personnes ont apporté leur soutien à la pétition dont il est à l'origine avec d'autres.

Philippe Villers, un homme d'affaires d'origine française, compte parmi eux.

La raison en est simple: "je ne pense pas que (proroger les allègements fiscaux pour les plus riches, ndlr) soit juste ou que cela permette de fortifier l'économie", explique-t-il.

Autre initiative: 410 Américains aux revenus très confortables ont signé une pétition qui appelle Washington à cesser ses cadeaux fiscaux à leurs concitoyens gagnant plus de 250.000 dollars par an.

"J'ai gagné pas mal d'argent ces dernières années. Il est évident que d'autres que moi méritent désormais d'en profiter un peu", explique Jeffrey Hayes, président de l'entreprise de conseils Stratalys.

Et même le milliardaire Warren Buffett y est allé de son couplet.

"Je pense que les gens qui se situent en haut de la pyramide --les gens comme moi-- devraient payer beaucoup plus d'impôts. Nous nous portons mieux que jamais", a-t-il récemment assuré lors d'un entretien accordé à la chaîne ABC News.

Mike Lapham de l'association "Pour une économie plus juste" a lui réussi à réunir 700 Américains aux revenus élevés prêts à revendiquer une répartition plus juste de l'imposition.

Il se dit "ravi d'en entendre certains clamer: +taxez-moi plus!+", car "nombreux sont ceux qui pensent que le gouvernement fédéral aurait dû en faire plus pour La Nouvelle-Orléans (après le passage de l'ouragan Katrina en 2005, ndlr) ou lors de la marée noire dans le golfe du Mexique. Mais à la vérité, le gouvernement a dû réduire de très nombreux postes de dépenses".

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