dimanche 11 juillet 2010

17 millions de salariés conduis au chômage dans les pays industrialisés



Le rapport publié mercredi 7 juillet par l’OCDE insiste sur le besoin d’une plus grande flexibilité du marché du travail dans les pays développés
L’ensemble des pays industrialisés réunis au sein de l’OCDE compte aujourd’hui 47 millions de chômeurs. « Mais, si l’on prend en compte les personnes qui ont renoncé à chercher du travail, le nombre réel est proche de 80 millions », estime le rapport annuel présenté le 7 juillet à Paris sur les perspectives de l’emploi dans l’OCDE.
« 17 de ces 47 millions de personnes n’étaient pas au chômage quand la crise a éclaté en 2008. C’est la face humaine de la crise et c’est une tragédie. Les programmes pour protéger les emplois et pour en créer de nouveaux doivent être une priorité », a résumé hier Angel Gurria, le directeur général de l’OCDE.

En deux ans, la crise a fait passer le taux de chômage des pays industrialisés de 5,8 % à 8,6 %. Ce taux actuel paraît être un pic. « Les données récentes tendent à indiquer que le chômage a peut-être atteint son point le plus haut, mais il ne devrait reculer que lentement », précise le rapport. Ce taux moyen recouvre de fortes disparités entre les 20 % du taux de chômage en Espagne et les 3 % de la Corée du Sud ou des Pays-Bas.

Les jeunes particulièrement touchés

L’orage économique passé, les conditions d’une reprise du marché du travail ne semblent pas réunies. La croissance actuelle reste très faible et ne permet pas de créations d’emploi en grand nombre.
Aux États-Unis, le taux de chômage baisse légèrement, mais parce que certains ont renoncé à chercher un emploi. La moitié des chômeurs américains n’ont pas été employés dans les six derniers mois. « Il y a un vrai risque de perdre contact avec le monde de l’emploi, particulièrement pour les jeunes », souligne Angel Gurria.
Un jeune Espagnol sur deux est au chômage, un jeune Français sur trois. La crise actuelle, comme les précédentes, a touché les jeunes, les salariés les moins qualifiés, les immigrés et les intérimaires. Elle a eu trois conséquences nouvelles : « les hommes ont plus souffert que les femmes, les salariés qualifiés ont été touchés et les salariés les plus âgés ont été moins concernés », constate John Martin, directeur à l’OCDE.
Deux explications à cette dernière constatation : le secteur de la construction, touché en priorité par la crise, emploie peu de salariés âgés ; d’autre part, dans les pays anglo-saxons où les retraites dépendent de fonds de pension, des salariés ont décidé de repousser leur départ à la retraite, leurs pensions s’étant fortement dévalorisées avec la chute des marchés.

Préserver « les graines de la croissance de l’avenir »

Pour lutter contre le chômage, l’OCDE prône la flexibilité du marché du travail. « Il n’est pas bon d’avoir un groupe de salariés très protégés et un autre qui accumule les contrats à durée déterminée. Cela discrimine les jeunes, par exemple. Par ailleurs, cette forte protection sociale fait hésiter les employeurs à recruter », explique Angel Gurria.
Aujourd’hui, les politiques en faveur de l’emploi se heurtent à la nécessité de réduire les déficits publics. L’Allemagne, l’Italie ou la Grande-Bretagne ont annoncé des programmes d’ajustements budgétaires. Le rapport de l’OCDE recommande de continuer à aider ceux qui cherchent un emploi activement et ceux qui risquent de basculer dans l’extrême pauvreté. Ces économies budgétaires doivent aussi préserver « les graines de la croissance de l’avenir », c’est-à-dire la recherche et développement, l’éducation et les technologies vertes.
En France, le rapport estime que le chômage pourrait commencer à baisser, mais « timidement », et il rappelle que le chômage de longue durée y est « l’un des plus élevés » des pays développés. Certes, depuis le début de la crise, le taux de chômage français a connu une « augmentation plus faible que celle observée dans les pays de l’OCDE », mais la France « partait d’une situation relativement défavorable. »

Le rapport qualifie toutefois de « bonnes initiatives » le soutien au recrutement en apprentissage ou de « franc succès » la mesure dite « zéro charge » exonérant de cotisations patronales pendant un an le recrutement de salariés dans les très petites entreprises.

Source: la-croix.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire