mardi 1 juin 2010

Allo l'espace, Y a-t-il quelqu'un?


Dans les années 1960, l'astronome Frank Drake braqua un radiotélescope sur un groupe d'étoiles proches dans l'espoir de capter les signaux d'une civilisation extraterrestre. C'est à lui qu'on doit la célèbre équation qui porte son nom et estime le nombre de civilisations susceptibles d'être éparpillées tout autour de la galaxie. Peu importe la manière dont on applique cette équation, les chiffres réalistes aboutissent tous aux mêmes prédictions : les civilisations doivent abonder. Dans ce cas, pourquoi n'a-t-on encore jamais capté leurs signaux? Peut-être a-t-on finalement un début de réponse à cette question.

Dans les années 1960, la Terre émettait une quantité incroyable de signaux grâce à la radio, à la télévision et aux radars. Ces signaux balayaient l'espace dans toutes les directions et n'importe quel radiotélescope extraterrestre pointé de notre côté les aurait captés. On supposait alors qu'une civilisation ayant atteint un stade où elle émettrait une abondance d'ondes radio, le ferait pendant longtemps. Malheureusement, cette hypothèse semble erronée.

Sous l'ancien système, que l'on abandonne peu à peu, on attribuait aux stations de radio et de télévision les canaux de fréquence sur lesquels elles pouvaient émettre. Un récepteur peut changer de canal pour capter des signaux manifestement artificiels. Si vous êtes passé un jour en voiture devant un radar à haute puissance, vous savez que le crachement de ses émissions est très facile à identifier.

À présent, nous assistons à un profond bouleversement. En plus de l'explosion du nombre d'applications radio, la nature du signal a considérablement changé. Et, durant les décennies à venir, cette nouvelle approche affectera de plus en plus les transmissions radio.

Au lieu de signaux puissants, aisément identifiables, plusieurs appareils ont recours maintenant à un système de codage baptisé « spectre étalé ». L'information – qu'il s'agisse de paroles, d'émissions de télévision, de messages Internet ou du reste – est codée numériquement, puis transmise sous forme de signal assez faible qu'on étale sur une vaste gamme de fréquences. Cette technologie est mieux connue sous l'appellation « large bande ». Les signaux peuvent se chevaucher, car les récepteurs auxquels ils sont destinés parviennent à les discerner et à les décoder, même s'ils sont camouflés en partie. Les autres appareils ne restitueront qu'un bruit de sifflement. Malheureusement, ce bruit est identique aux signaux qui émanent naturellement du cosmos. Si nos amis extraterrestres utilisent des systèmes qui économisent l'énergie et codent l'information comme les nôtres, il est peu probable que nous arrivions à identifier leurs signaux.

Aujourd'hui, beaucoup de signaux ne sont plus transmis au moyen d'une antenne. Il est plus efficace de diffuser les émissions radio et de télévision, et le reste de l'information, par câble ou par fibre, puis de les retransmettre localement, à une puissance nettement plus faible. Quand l'abonné est raccordé directement au réseau de fibres ou de câble, il est inutile de diffuser le signal dans les airs. On en déduit qu'une civilisation ne passe qu'un très court laps de temps à émettre des signaux radio dans toutes les directions, soit à peine quelques décennies. Ensuite, il se rétablit un silence relatif.

L'Allen Telescope Array, un radiotélescope conçu pour balayer des millions d'étoiles à la recherche des planètes qui émettent des signaux radio, est sur le point de commencer à fonctionner. Cependant, si les extraterrestres diffusent sur large bande et recourent à la distribution par câble, ou ont inventé quelque chose d'encore plus efficace, émettront-ils assez de signaux dans l'espace pour qu'on les capte?

Source: nrc-cnrc.gc.ca

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