vendredi 2 avril 2010

Des prisons sans murs et sans barreaux devraient ouvrir après 2015

Jean-Marie Bockel veut ouvrir les portes des prisons. Le secrétaire d'Etat à la justice propose de créer des prisons ouvertes, qui s'inséreraient dans le cadre du nouveau plan de construction d'établissements pénitentiaires de la chancellerie, prévu pour débuter en 2015. Il a présenté, jeudi 1er avril, un rapport sur la faisabilité de ces "prisons différentes", sans murs, sans barreaux et sans miradors.

M. Bockel affiche des objectifs modestes : à terme, 10% des détenus pourraient être placés dans une prison ouverte, comme c'est le cas dans plusieurs pays européens.

Selon lui, l'expérience pourrait concerner, dans un premier temps, 300 à 400 détenus, répartis dans deux ou trois établissements. Il pourra s'agir d'un établissement propre d'environ 150 personnes ou de structures ouvertes à côté d'une prison. Les deux modèles existent en Europe.

SÉLECTION DES DÉTENUS

Après avoir visité la seule prison ouverte française, à Casabianda, en Corse, M. Bockel a commandé un rapport à un jeune chercheur de l'université d'Aix-en-Provence, Paul-Roger Gontard. Celui-ci a étudié plusieurs établissements en Europe et il en a tiré les conditions nécessaires à leur réussite : une sélection des détenus (dangerosité, capacité à intégrer le sens de la peine, volontariat), une discipline consentie par les prisonniers et du travail.

Dans les prisons européennes de ce type, les évasions sont rares tout comme les suicides. Le taux de récidive à la sortie est plus faible. Les détenus circulent librement dans l'établissement. Les relations avec l'extérieur (famille, amis, employeurs) sont facilitées.

Dans certains pays, ils ont le droit d'avoir un téléphone portable. Les détenus savent qu'une tentative d'évasion peut les conduire dans une prison fermée. Enfin, les coûts de fonctionnement sont inférieurs à une prison fermée.

A Casabianda, la population est constituée en majorité de délinquants sexuels intrafamiliaux. "C'est une exception en Europe", constate M.Gontard, expliquant que les publics des prisons ouvertes sont plus variés.

Le chercheur propose d'accueillir également dans ces établissements des auteurs de vols sans violence, des délinquants financiers, des auteurs d'homicides involontaires, condamnés à plus d'un an de prison – 4 200 détenus sur 62 000 correspondraient à ce critère.


"Nous allons examiner les préconisations de M.Gontard, dans le cadre du programme immobilier que nous prévoyons pour 2015", explique le porte-parole de la chancellerie, Guillaume Didier. Le ministère de la justice prévoit la création de 5 000 places de prisons supplémentaires à partir de 2015. Il veut aussi créer 12 000 places, pour remplacer celles de 18 prisons vétustes qui doivent fermer. Le nouveau programme prévoit des normes de sécurité moins importantes.

La garde des sceaux, Michèle Alliot-Marie, s'inscrit en rupture par rapport au "tout béton" qui a caractérisé le plan de construction de 13 200 places, décidées en 2002, actuellement en cours d'ouverture. La ministre a reconnu qu'elle trouvait "déshumanisées" ces prisons ultramodernes et basées sur la vidéosurveillance.

"Il faut changer le regard sur les prisons", explique M. Bockel. L'administration pénitentiaire va étudier les sites d'implantations possibles de ces établissements ouverts. Le secrétaire d'Etat indique que des élus locaux lui ont déjà fait part de leur intérêt pour ces nouvelles prisons.

Source: lemonde.fr

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