lundi 28 juin 2010

Il pleut du pétrole en Louisiane !

ENVIRONNEMENT - Des vidéos inquiétantes laissent supposer qu'il pleut du pétrole en Louisiane. 20minutes.fr vous explique pourquoi les «pluies noires» ne sont pas pour demain...




Marée noire dans le golfe du Mexique, acte 2. Après les animaux marins morts, la flore dévastée, les oiseaux mazoutés et les galettes de pétrole qui parsèment les plages de Louisiane et de Floride, la crainte d’autres retombées ronge les Américains.

Depuis quelque temps, des vidéos publiées sur Youtube montrant ce qui semble être le résultat de pluies chargées d’hydrocarbures toxiques, inquiètent aux Etats-Unis. De telles vidéos, où est filmé le sol de la Louisiane par temps pluvieux, doivent bien évidemment être interprétées avec précaution: lorsqu’il pleut, il arrive que des reflets irisés apparaissent sur le sol, là où des hydrocarbures ont laissé des traces.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=un8co1d4zb4[/youtube]


Cependant, ce scénario catastrophe n’est pas si improbable, si l’on en croit Bertrand Chapron, chercheur responsable du laboratoire d’océanographie spatiale à l’Ifremer. «Il est très probable que les embruns soient porteurs d’hydrocarbures», indique-t-il à 20minutes.fr. Le vent vient en effet décoller le «film surfacique» - habituellement de l’eau de mer et du sel. Mais les particules d’hydrocarbures en surface de la mer sont elles aussi susceptibles se décoller par l’action du vent, qui les transporte. «Elles peuvent aller jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres par cette action, comme le fait le sable par exemple», note le scientifique.

Mini-gouttelettes d’eau de mer, de pétrole et de dispersant


En-dehors de cette possibilité de se prendre des «splashs» de pétrole, notamment lorsque l’on se tient assez proche de là où déferlent les vagues, Bertrand Chapron juge que la chaleur dans le golfe favorise les échanges de flux à l’interface air-mer, et la création de mini-gouttelettes d’eau et de pétrole (voire également de dispersant). Les précipitations se formant par rétrocession d’humidité des océans par l’atmosphère, ces mini-gouttelettes peuvent très bien se retrouver dans la pluie qui s’abat sur la région. «Comme pour les pluies acides qui résultent d’une accumulation de particules chimiques dans l’atmosphère, il n’est pas insensé de penser qu’une telle chose soit possible», précise-t-il.

Le scientifique indique également qu’il n’est «pas impossible» que les traces retrouvées sur des cultures – y compris des plantations bio, donc sans pesticides – soient liées à la marée noire: «Il y a eu beaucoup de chimie utilisée pour dissoudre la nappe de pétrole, avec le phénomène d’évaporation, ces solvants peuvent être transportés via les mêmes actions».

Pas de «pluies noires»


Mais s’il est toujours possible, qu’un embrun puisse ramasser un peu de pétrole et le transporter sur une courte distance, Bertrand Chapron juge en revanche «impossible» de voir s’abattre des «pluies noires», chargées de pétrole sur la région.

Quant au scénario, digne d’un film de science-fiction, qui voudrait que le mélange subisse une transformation moléculaire le faisant passer d’un état liquide à un état gazeux, dont le produit serait absorbé par les nuages et libéré sous formes de pluies toxiques, le scientifique juge également que «ce n’est pas impossible», mais qu’il faudrait une étude chimique plus poussée de l’évaporation de ces flux depuis la nappe de pétrole. «J’imagine que les scientifiques sur place doivent commencer à s’inquiéter de cela», estime-t-il.

Source: 20minutes.fr

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